Pourquoi l’histoire de l’art?

L’histoire de l’art est réellement une passion pour moi. Je suis vraiment allumée lorsque quelqu’un me pose des questions sur ce sujet. J’adore faire découvrir aux gens ce que ça fait un historien de l’art.

Il y a de cela environ 4 mois, j’ai eu une discussion avec ma grande sœur dans laquelle elle m’expliquait qu’elle n’aimait pas particulièrement les musées, que c’était son dernier recours de touriste lors de journées pluvieuses. Elle m’expliquait que lorsqu’elle y était allée la dernière fois, elle avait vu une oeuvre qui consistait en un tas de détritus et elle s’est dit « à quoi ça sert? Je pourrais faire ça dans mon salon! ». C’est donc suite à cette réflexion totalement normale et que plusieurs personnes ont qu’il m’est venu à l’esprit de créer ce blog pour rendre un peu plus tangible à tous cet art qui semble si froid parfois.

Pour continuer dans cette lignée, j’ai eu une discussion plus tôt ce soir avec mon grand frère où il m’avouait que pour lui, un historien et un archéologue, c’est du pareil au même. Après lui avoir expliqué brièvement la différence entre ces deux professions, il m’a demandé pourquoi alors l’historien de l’art s’acharnait à réanalyser les mêmes œuvres ayant déjà été analysées par des dizaines d’autres historiens? Après lui avoir donné une réponse plutôt élaborée, il m’a suggéré de la « copier-coller » sur le blogue et j’ai trouvé que c’était une excellente idée. Alors voilà mon « entrevue » avec mon frère.

Je vois… Et des œuvres qui ont déjà été analysées par d’autres historiens… Pourquoi réanalyser?

Parce qu’il y a toujours de nouvelles découvertes en terme de datation, d’événements socio-politique. Parce qu’aucun historien ne pense pareil et que dans une oeuvre il y a le sujet, l’artiste, le mécène, le public cible, le public réel, l’aspect formel (couleurs, formes, techniques, etc.) et toutes les relations possibles entre ces différents acteurs. Il y a aussi différentes théories qui servent à faire des hypothèses en histoire de l’art et de nouveaux aspects auxquels on ne pensait pas il y a 20-40-60 ans, comme l’approche féministe ou l’approche marxiste. On est en train de redéfinir totalement les débuts de l’art moderne et surtout l’art abstrait parce qu’avant, le canon ne prenait en considération que les travaux des hommes.
Le canon?
euhm… Les œuvres et les artistes admis par la communauté artistique (artistes, théoriciens, critiques) comme étant majeurs et ayant un poids historique.
Oki.. Les œuvres faites par des femmes étaient délaissées?
Exactement ça fait en sorte que Kandinsky (le dude qui a un peu parti le bal avec l’art abstrait) a établi que l’art abstrait a commencé vers 1910 alors qu’il y a des femmes qui en faisaient dans les années 1800 (vers la fin). Mais, étant donné que les rares artistes femmes n’avaient le droit de peindre que des natures mortes et des paysages, on les a pris pour folles, on n’en a pas parlé et on commence tout juste à les inclure dans les expos sur les débuts de l’abstraction. Plus d’un siècle plus tard! Ici aussi par exemple, au Musée des Beaux-Arts (de Montréal), c’est depuis seulement quelques années que l’art des Premières Nations est intégré à la partie de la collection de l’art québécois et canadien qui est exposée au public et qu’on s’en sert pour montrer à quel point ils se sont inter-influencé… pas avant!